Adopté.e à la fin des années 60 en Belgique, kimura byol*별 Nathalie lemoine fait partie de la 1ère vague de Coréen.ne.s adopté.e.s en Europe. Elle a 3 frères et soeurs, eux aussi adopté.e.s de Corée à la même période. Yel.le nous décrit le contexte socio-politique de l’époque en Corée (situation des enfants adopté.e.s) et en Belgique (situation des adoptants).
Les premières adoptions sont des enfants mixtes (heonyol 혼혈) issu.e.s de pères soldats américains et de mères coréennes après la fin de la guerre en 1953. La société confucianiste ne peut accepter ces enfants et voit aussi là une chance d’envoyer ces enfants aux États-unis.
A partir des années 80-90, le nombre de divorces augmente et explose dans les années 80. De par un héritage historico-culturel confucianiste, c’est au père à qui revient le droit de garder l’enfant. Il arrive que la nouvelle épouse refuse d’elever cet enfant, en particulier si celui-ci est un garçon, ce qui mène souvent à un placement en orphelinat. On observe alors un nombre croissant d’adoptions de garçons. Fait intéressant car on entend peu/pas parler de ce phénomène puisque les familles coréennes souhaitaient traditionnellement des garçons et qu’il est plus courant d'entendre qu’on privilégiait l'adoption de filles (fait egalement vrai).
Par ailleurs, un parallèle intéressant existe avec l’adoption en Corée dans les années 70, notamment avec les flux d’enfants venant d’Indochine vers les pays occidentaux à la fin de la guerre du Vietnam, au printemps 1975. Qu’est-ce que l’opération Babylift ?
A l'époque, apres son arrivee en Belgique, kimura byol *별 nous dit « On se faisait taper si on osait parler notre langue d’origine ». Le but etait de tendre vers une adaptation, une assimilation dans le pays adoptant. C’est un phenomene qui présente des similitudes avec les indiens d'Amerique, autrefois places dans des pensionnats pour qu'on ' »Retire l'indien qui est en eux ».
A l’âge de 20 ans, kimura byol*별 réalise un court-métrage “Adoption” qui retient l’attention de l’Ambassade de Corée en Belgique. On est en 1988, l’année des J.O. à Séoul…
kimura byol*별 est invité.e par l’ambassade à aller en Corée l’année suivante. Retrouver sa famille biologique n’est pas quelque chose qui l’intéresse mais en 1991, lors d’une nouvelle invitation en Corée, on lui propose de retrouver sa famille biologique.
Procédure et demarches de la rencontre avec la mère biologique.
kimura byol*별 dit que ses frères et soeurs ont été « bien adopté.e.s ». Sa soeur est abandonnée à la naissance et reste à l’orphelinat pendant 4 ans. Elle parlait anglais et coréen car des soldats américains avaient l’habitude de venir aider à l’orphenlinat.
Qu’est-ce qu’une adoption réussie ?
La même année, en 1991, kimura byol*별 co-fonde une des toutes premières associations (Euro-Korean League E.-K.L), la 3ème association auto-gérée par des coréen.ne.s adopté.e.s. En 1993, kimura retourne en Corée et habite là-bas pendant 13 ans. Au départ, en tant que correspondant.e et point de référence en Corée pour E.-K.L, son rôle est d’envoyer le Korea Herald et le Korea Times (journaux ecrits en anglais) en Belgique (par fax et par courrier) pour être traduits. kimura byol*별 ne parle ni coréen, ni anglais et le peu d’adopté.es qui vivent en Corée sont mis à l’écart de la société. Pendant cette première année, adopté.e.s et étudiants en langues étrangères s’organisent pour créer la branche coréenne de E.-K.L appelee alors K.O.A (Korean Overseas Adoptees). L’association se focalise cette fois sur la recherche des familles biologiques et le droit des adoptes. kimura se bat pour que les adoptes puissent bénéficier d’un visa de résident (F-4) qui, à l’époque, ne concerne que les dongpos (diaspora incluant les 2è générations) né.e.s ou ayant quitté la Corée après 1948.
C’est en consacrant beaucoup de son temps à aider les adopté.e.s à retrouver leurs familles biologiques que kimura découvre de nombreuses zones d’ombre. Des critères de poids (pas plus de 200kg) pour qu’une famille ait le droit d’adopter, des critères économiques, etc. fixes par les agences d’adoption en Corée. kimura explique en details les differents documents qui constituent un dossier d'adoption.
L’adoption est désormais un peu mieux régule car les premières générations d’adopté.e.s ont verbalise, écrit, documente leurs histoires en exposant les problèmes liés notamment aux agences d’adoption. Une meilleure « sélection » des parents de la part des pays adoptants est alors mise en place. Les parents adoptants restent, malgré tout, peu, mal ou pas éduqués, informés sur le racisme, les privilèges blancs, même s’ils sont de bonne volonté. On tentera de repondre à la question « Qu’est-ce qu’un bon parent adoptant ? » et kimura nous donnera son opinion sur les efforts et développements qui existent déjà dans les pays adoptants pour améliorer la communication et la compréhension adopté.e.s/adoptants.
Depuis plusieurs annees, on note une evolution importante dans la sphère francophone lorsqu'il s'agit de traiter de ce sujet, d’être implique dans des projets visant a faire avancer les choses. La Voix des Adoptés est une association française qui travaille dans ce sens-là. Par ailleurs, depuis 2018, Amandine Gay crée « le mois des Adopt.é.e.s » entre la Belgique, la Suisse, le Canada et la France.
kimura vit au Canada depuis 14 ans et nous explique les challenges que cela implique en tant que Queer, non binaire, intersexe, artiste, militant.e, archiviste et adopté.e. On terminera par une présentation de son travail artistique depuis la Belgique jusqu’au Canada avec la aussi, des enjeux mais également des projets à venir.
p.s. kimura*lemoine n’écrit pas ses noms avec des majuscules et utilise le genre neutre yel.le
Disadoption (c) 2008 star kim project from kimura byol-nathalie lemoine on Vimeo.
Back to the roots (c) 1989 star kim project from kimura byol-nathalie lemoine on Vimeo.
- adoption (c) 1988 star kim project (+subs)
- Disadoption (c) 2008 star kim project
- Who are you ? (c) 2014 star kim project