On fait connaissance dans ce premier épisode du Corée Voyage Show, le premier podcast en français d'une agence de voyages en Corée du Sud. Nous parlons culture en abordant des sujets comme le cinéma et la littérature coréenne.
Découvrez aussi notre coin cuisine intitulé le "gambajon" [gambaˈd͡ʒu] dans lequel nous vous présentons la recette d'un plat de boeuf mariné à la coréenne, le bulgogi.
Enfin, nous vous emmenons dans le temple de Beopjusa situé au cœur du massif montagneux de Songnisan, où nous vous racontons l'histoire et les anecdotes de ce lieu spirituel. Restez bien jusqu'à la fin pour tenter de gagner un cadeau inédit.
Sites mentionnés dans cet épisode :
- Decrescenzo Editeurs : https://decrescenzo-editeurs.com/
- KFTV : https://www.kftv.fr/
La recette du bulgogi, c'est par ICI
Musique : Funky Hip-Hop by MOKKA / https://www.youtube.com/channel/UC2B3I6UesKFyI5E2B0QisOw
[00:00 à 00:20] Félix : Bienvenue dans le Corée Voyage Show, le 1er podcast en français d’une agence de voyage en Corée du Sud où je vous emmène sur MES terres natales coréennes. Suivez-moi au pays des matins clairs.
[00:20 à 00:27] Allez, on est dans le Corée Voyage Show et aujourd’hui, je suis avec notre amie Jeanne. Comment vas-tu Jeanne ?
[00:27] Jeanne : Bonjour à toutes et à tous. Ça va, ça va, un peu chaud, c’est encore l’été ici en Corée.
Félix : Ah oui, la canicule, la canicule est partout. Alors, dis-nous Jeanne, qu’est-ce qu’on a à se mettre sous la dent aujourd’hui ?
[00:39] Jeanne : Alors, aujourd’hui, on commencera par la question du jour qui est : quel élément culturel de la Corée pourrait être directement associé au pays lorsqu’il est mentionné. ? Donc, ça sera sans parler de K-pop, la K-pop qui est la musique coréenne pour ceux qui ne savent pas, ni les grandes marques comme Samsung et LG par exemple. Ensuite, on enchaîne avec notre volet cuisine intitulé le Gambajon [gambaˈd͡ʒu] où Emma nous présentera la recette d’un plat coréen. Alors, Félix, tu peux peut-être nous dire un peu plus sur ce que c’est le Gambajon [gambaˈd͡ʒu] qui n’est pas un terme coréen d’ailleurs.
[01:10] Félix : Ah bon ? Euh oui oui, non non, ce n’est pas un terme coréen le Gambajon [gambaˈd͡ʒu]. Alors le Gambajon [gambaˈd͡ʒu] c’est… Ça veut dire jambon en Occitan et donc pour moi, c’est une référence culinaire. Vous allez vous dire olala, lui, sa référence culinaire c’est le jambon et bien pourquoi pas. Donc, je me suis dit, ça serait un nom sympa pour cette rubrique cuisine, voilà, tout simplement, le Gambajon [gambaˈd͡ʒu], le jambon en Occitan.
[1:32] Jeanne : Merci Félix. Ensuite, on enchaînera sur une partie voyage où on vous racontera une petite virée dans un endroit de Corée. Pour finir, restez bien avec nous jusqu’à la fin car on vous a réservé une surprise avec un joli cadeau à gagner.
[1:45] Félix : Ok magnifique, magnifique Jeanne. Merci pour ce programme alléchant ma foi. Mais tout d’abord, j’aimerais commencer par les présentations. Alors, honneur aux dames et j’aimerais donc te poser une question pour que nos auditrices et auditeurs puissant apprendre à te connaître. Donc, ma chère Jeanne, quel a été ton 1er contact avec la Corée, c’est à dire, la 1ère fois que tu as entendu parler de la Corée ?
[2:10] Jeanne : Alors mon tout premier contact avec la Corée remonte a trèèès longtemps ! C’était y a plus de quinze ans maintenant donc ça fait assez longtemps, c’est un petit peu flou. Euh, mais je pense que j’ai commencé à m’intéresser à la Corée à travers l’art, en particulier à travers le cinéma. J’ai eu la chance d’étudier le cinéma au lycée et on avait pour devoir de regarder deux films par semaine (y a pire comme devoir quand même) et on devait choisir des films qui étaient dans une liste imposée incroyablement riche. Ça pouvait aller des films des années 1910 jusqu’aux plus récents films oscarisés, en passant par des œuvres de tous les pays, l’Iran, la Chine etc ... Du coup je me suis ouverte à un cinéma un plus vaste, un peu plus international et c’est à ce moment-là, c’est un hasard, qu’est sorti “Memories of Murder” (désolée pour mon accent anglais qui est super) de Bong Joon-Ho, le réalisateur de Parasites également… Et là, je me suis pris une claque dans la figure, on peut dire ça. Ce film répondait à toutes mes attentes. C’était un super traitement de l’image, y avait du rythme, du suspens, des sujets de société qui étaient abordés… Je me souviens aussi m’être dit en voyant le générique : “Qu’est-ce que c’est que cette écriture, tous ces petits carrés, tous ces petits ronds, jamais je pourrai lire ça!” Bon ben... faut jamais dire jamais !
[03:24] Félix : Memories of murder, alors, c’est 살인의 추억 en coréen, c’est ça ? C’est le titre coréen ?
Jeanne : C’est ça, tout à fait.
Félix : Ok
Jeanne : Sorti, ça devait être en 2003 à peu près.
Félix : Ok
[03:36] Jeanne : Et après cette première expérience, j’ai dévoré beaucoup de films coréens puis je me suis intéressée un peu plus à la culture et à l’histoire du pays.
Félix : Merci pour cette réponse très complète et j’aurais une 2ème question, quel est le 1er souvenir fort de ton 1er voyage en Corée ?
[03:53] Jeanne : Alors, c’était quelques années avoir découvert le cinéma coréen, en 2010, j’ai posé mes valises à Séoul pour la première fois. En terme de visite, je ne sais pas trop ce qui m’a le plus marqué, je pense que c’est le manque de poubelles ! Et sinon, plus sérieusement, c’est la visite du palais principal, Gyeongbokgung 경복궁. Bon, c’est pas trop original mais c’est vrai. Il faut savoir qu’à l’intérieur de ce palais, il y a un pavillon qui est construit sur un étang et qui est magnifique et quand je l’ai vu, ça a été le vrai coup de foudre. Sinon plus globalement, ce sont plus des sensations qui m’ont marquée. Par exemple, la sensation qu’en Corée tout est plus facilement accessible, la place qu’occupent l’art et la culture dans la société, dans les rues et aussi la gentillesse des coréens qui m’avaient très très bien accueillie à l’époque.
[04:39] Félix : Quand tu parles de sensations, moi, ça me fait penser à des odeurs particulières qui me frappent et chatouillent mes narines à chaque fois que je rentre en Corée. Alors, ça doit être des odeurs associées certainement à la bouffe, à des épices qu’on utilise dans la cuisine coréenne, mais dans tous les cas, cela réveille des sensations olfactives.
[04:58] Jeanne : Mais je vois ce que tu veux dire. J’ai souvent entendu ça, que la Corée était associée à des odeurs. Là, comme je rentre pas très très souvent en France, j’avoue que je me suis beaucoup habituée à cette odeur, je la sens quasiment plus donc j’ai oublié un peu ce que c’était.
[05:12] Félix : Après je pense que c’est plus flagrant pour les personnes qui viennent pour la 1ère fois en Corée.
[05:19] Jeanne : C’est à mon tour maintenant de te poser une question à toi Félix. Je voudrais rester dans le même esprit et j’aimerais savoir, j’aimerais que tu nous racontes une anecdote lors de ton 1er voyage en Corée.
[05:28] Félix : Oula alors, ça remonte… Ça remonte très loin. C’est plus de 15 ans là. Donc, moi, mon 1er voyage en Corée il date de 1996, certains d’entre vous n’étaient même pas nés je pense… 1996 mais je vais vous raconteur plutôt une anecdote qui date de 2000 puisque je suis revenue en 2000 en Corée et donc j’étais arrivé à l’aéroport de Gimpo à l’époque puisque l’aéroport d’Incheon n’existait pas encore. J’étais perdu, j’étais perdu. J’arrivais de France d’un milieu rural et donc pour moi, je découvrais pour la 1ère fois ce pays, donc mon pays d’origine en ne parlant ni anglais, j’allais dire ni français… ni anglais et ni coréen et je débarque là en plein été donc là j’atterris dans un yeogwan dans le quartier de Hapjeong, c’était la seule adresse que j’avais puisque c’est le quartier dans lequel se trouve l’agence d’adoption Holt depuis toujours pratiquement.
[06:27] Jeanne : Est-ce que tu peux nous dire ce que c’est un yeogwan?
[06:28] Félix : Yeogwan oui pardon, yeogwan, c’est un motel, un petit motel à la coréenne voilà. Ça existe de moins en moins. Y en a pratiquement plus en Corée sauf en province mais c’est vrai qu’à Séoul, ils ont été remplacés soit par des hôtels ou des petits hôtels ou motels. On les reconnait avec ce petit symbole, ce petit panneau qui représente en fait une flamme, une petite flamme qui veut dire qu’il y a de l’eau chaude, qu’il y a un sauna éventuellement à l’intérieur. Ça c’était la petite parenthèse. Et donc j’atterris dans ce yeogwan en étant vraiment pas familier du tout avec le pays, la culture, rien du tout, la cuisine, cette grande ville Séoul. Et donc pour tout vous dire, au bout d’une semaine, je me dis “qu’est-ce que je fais là ? Peut-être ça serait mieux que je rentre en France parce que je ne vois pas du tout ce que je pourrais faire”
Jeanne : A ce point-là ?
Félix : Ah oui ! Je faisais pas le malin on va dire et donc tous les jours y avait la femme de ménage qui passait pour faire le ménage bien sûr et qui me parlait, elle me parlait en coréen. Blablabla et moi, je comprenais pas ce qu’elle me disais alors je lui disais oui oui oui. Et puis un jour, un beau jour, elle continuait à me parler comme ça, comme d’habitude et là, elle part, elle revient et elle me ramène son fils. Elle me dit… enfin, je comprends qu’elle me dit voilà c’est mon fils, il parle un peu anglais et c’est lui qui parlait anglais moi, un petit peu, je baragouinais quelques mots d’anglais à la française “Hi, how are you, I come from France”. Bon bref, il se trouve que sa maman donc la femme de ménage m’avait pris pour son correspondant à Hong Kong avec qui il communiquait régulièrement par courrier. Alors c’est vrai qu’à l’époque, y avait pas d’email, y avait pas internet encore ou tout juste donc c’était encore l’époque des pen pal.
[08:16] Jeanne : Le gros quiproquo en fait…
Félix : Le gros malentendu qui m’arrangeait bien finalement. Alors, j’ai peut-être la tête d’un hongkongais. C’est pour ça que la dame pensait que j’étais de Hong Kong. Pourquoi pas… Et donc, c’est cette personne-là qui m’a vraiment aidé, qui m’a présenté à d’autres personnes et de fil en aiguilles, j’ai pu trouver du travail, j’ai pu rencontrer des personnes qui ont énormément compté dans mon aventure coréenne. Voilà pour la petite anecdote.
[08:43] Jeanne : Merci beaucoup Félix. Maintenant, on va continuer avec la question du jour qui est : « A quel élément culturel devrions-nous automatiquement associer la Corée ? » Qu’est-ce que tu en penses Félix ?
[08:55] Félix : Alors, très bonne question… Moi, je prendrais personnellement un élément peut-être cinématographique comme le film Old Boy de Park Chan-Wook 박찬욱 ou bien plus récemment, Parasites. Mais je vais rester sur Old Boy parce que pour moi, c’est un film qui a marqué les esprits et qu’on peut appeler film référence. Par ailleurs, le cinéma sud-coréen est à mon sens un cinéma de très bonne qualité, un des meilleurs au monde. Alors ensuite, pourquoi choisir cette thématique ? C’est parce que c’est un bon indicateur qui peut rivaliser sur le devant de la scène internationale avec le cinéma le plus connu et je parle bien sûr d’Hollywood, le cinéma américain. On sait tous qu’Hollywood s’inspire depuis de nombreuses années de scripts et de scenarios sud-coréens. En l’occurrence, Old Boy est sorti en 2003 et y a eu un remake qui a été fait par le réalisateur noir-américain Spike Lee en 2013 à la sauce américaine. On n’a pas du tout entendu parler de ce film-là mais Spike Lee avait repris le scenario sud-coréen du film Old Boy pour le refaire à sa manière.
[09:59] Jeanne : Moi non plus, je l’ai pas regardé. Enfin, j’en ai entendu parler mais j’ai pas du tout regardé.
Félix : Tu l’as jamais vu, moi non plus, je l’ai jamais vu.
Jeanne : J’en ai entendu parlé même si c’est Spike Lee, je l’ai pas regardé. Je sais pas comment dire ça, c’est un peu.. j’ai le cul entre 2 chaises parce que je suis très curieuse et j’aimerais bien savoir comment ils ont tourné réellement toutes ces questions parce que c’est quand même… Enfin, y a des scènes qui sont très dures autant physiquement que psychologiquement et je me demande comment les américains ont tourné ça et puis d’un autre côté, j’ai peur d’être extrêmement déçue, voire même énervée en le regardant donc j’ai pas trop envie… Je sais pas trop. Peut-être qu’un jour, je regarderai.
[10:42] Félix : Oui peut-être nos auditrices et auditeurs ont déjà vu ce film et donc n’hésitez pas à nous donner vos réactions sur ce film-là si vous l’avez déjà vu. Et donc, tu as le cul entre 2 chaises, quelle belle image !
[10:55] Jeanne : C’est ça !
Félix : Pour continuer un petit peu, pour aller un peu plus loin, c’est vrai que le film de Park Chan-Wook 박찬욱 est lui-même basé sur un manga japonais qui est sorti dans les années 90 et qui porte le même nom Old Boy. Autre aspect intéressant, c’est d’après moi, le lien qui existe entre le genre d’un film et sa popularité selon l’âge et le pays du spectateur. Par exemple, si on prend Busan Haeng 부산행 « Dernier train pour Busan » qui est sorti en 2016, réalisé par Yeon Sang-Ho 연상호, je pense qu’il a connu plus de succès aux Etats-Unis qu’en France, notamment auprès des jeunes. Alors, pourquoi ? Parce que même si la nouvelle génération en France est nourrie aux séries Netflix etc, je pense notamment au-delà de Netflix à la série The Walking Dead qui a connu un franc succès en France, en revanche, je reste convaincu que le public cinéphile français n’est pas friand de ce genre de films de zombies.
[12:05] Jeanne : Je suis d’accord avec toi mais partiellement en fait parce que… Je crois qu’après c’est une histoire d’expérience mais quand Busan Haeng 부산, « Dernier train pour Busan », est sorti au cinéma en France, moi je travaillais aussi à Paris dans un cinéma et on s’attendait pas à ce qu’autant de personnes viennent le voir et des personnes vraiment de tout âge, que ça soit des jeunes ou des moins jeunes, que ça soit des gens qui sont habitués au cinéma hollywoodien ou des personnes qui préfèrent le cinéma un peu plus art et essai. On s’attendait pas à ce succès-là en fait.
[12:39] Félix : D’accord. Mais, c’est vrai… Comme tu travaillais dans un cinéma à Paris, c’est peut-être aussi un truc provincial, tu vois. C’est vrai que l’accès – c’est un autre sujet – c’est la diffusion des films coréens peut-être dans les salles de cinéma en France de manière générale, si je prends plus particulièrement les salles de cinéma en Province, c’est vrai qu’on a un accès limité, même si récemment, y a des progrès qui ont été faits, même dans des petites villes, on trouve dans les cinémas d’art et essai forcément, pas dans des cinémas généraux, on a la chance de pouvoir visionner des films coréens récents.
[13:19] Jeanne : Bien que maintenant… J’ose espérer, je pense qu’avec Parasites, ça a dû s’améliorer un petit peu. Je crois qu’il est sorti à peu près partout quand même et plusieurs fois en plus…
[13:28] Félix : Parasites il a été diffusé de manière importante grâce notamment au Festival de Cannes mais c’est vrai que c’était pas la bonne période, je pense qu’il n’a pas eu le temps d’arriver à maturité, on lui a un peu coupé l’herbe sous le pied puisqu’avec la crise sanitaire qui a touché le monde entier de plein fouet en début d’année 2020, Parasites, je pense a pas pu décoller vraiment.
[13:50] Jeanne : C’est dommage.
Félix : C’est dommage, je suis d’accord. Allez Jeanne, on revient sur la question du jour et je me permets de te retourner la question : à quel élément culturel souhaiterais-tu voir la Corée associée lorsque le nom du pays est mentionné ?
[14:02] Jeanne : Pour moi, l’élément culturel à associer à la Corée, j’aurais répondu comme toi Félix : le cinéma mais tu m’as volé ma réponse.
Félix : Et ben oui, d’où l’avantage de répondre en 1er !
[14:07] Jeanne : Je pense que vous l’aurez compris rien qu’avec ma présentation, je ne peux pas nier le lien qui existe entre la Corée et le 7ème art. La Corée est connue à l’international également pour sa peinture, sa poterie, son art en général et j’ai l’impression de plus en plus pour sa littérature. Comme pour le cinéma, la littérature coréenne est présente sur les étagères des librairies françaises depuis maintenant une bonne décennie. D’ailleurs, y a aussi des maisons d’édition qui sont complètement dédiées à la littérature coréenne comme par exemple, Decrescenzo et ils permettent de nous livrer de plus en plus de livres coréens traduits en français. Récemment, il y a un livre qui a attiré mon attention, c’est “Kim Jiyoung, née en 1982”. C’est un livre coréen qui a été traduit en plusieurs langues dont le français et qui également vu un remake en film. Je vois ce livre partout notamment sur les comptes Instagram, y a beaucoup de comptes Instagram qui sont dédiés à la littérature au sens large du terme et beaucoup de personnes ont posté la couverture, beaucoup de personnes francophones ont posté la couverture de ce livre. Il a eu énormément de succès. Tout comme les films, les livres coréens ont leur style particulier tantôt policier, tantôt romance mais qui abordent toujours de façon plus ou moins cachée des sujets de société. Avec Kim Jiyoung par exemple, on parle de la place de la femme dans la société coréenne. Avec “Sang chaud”, un autre livre dont on a fait une petite review sur notre blog, on parle de la ville de Busan alors, plutôt côté gangster, mais ça aborde également aussi la question des classes de société qui sont laissées un petit peu à l’abandon. L’année dernière, j’ai remarqué de beaucoup de nos voyageurs arrivaient en Corée en ayant lu un livre coréen ou du moins, en nous demandant des conseils de lecture. C’est un bon moyen de connaître, de comprendre la société coréenne.
[15:55] Félix : Et oui, la littérature coréenne qui est un excellent vecteur pour connaitre et mieux comprendre cette société. Une littérature qui a actuellement le vent en poupe et c’est tant mieux. J’en profite pour saluer nos amis de chez Decrescenso au passage, on salue Frank bien sûr ainsi que toute son équipe.
[16:10] Jeanne : Allez sans transition, on passe à notre rubrique cuisine, le Gambatsou que nous présente Emma avec la recette du Bulgogi.
[16:32] Félix : Alors, Emma, est-ce que tu pourrais nous expliquer ce qu’est le Bulgogi ?
Emma
[16:41] Félix : Le Bulgogi est de la viande coupée en fines lamelles, marinée et cuite au feu
Emma
[16:58] Félix : On dit que les origines du Bulgogi remontent au royaume de Goguryeo pendant lequel la viande était marinée puis placée en brochette avant d’être cuite au feu.
Emma
Félix (en coréen) :
[17:15] Félix : Avant de vous donner la liste des ingrédients, on va vous expliquer les différences qui existent entre les différents types de sauces soja.
Emma
[17:27] : Felix Il existe 3 grandes familles de sauces soja Gook-Ganjang국간장 , Jin-Ganjang 진간장, Yangjo-Ganjang양조간장
Emma
[17:39] Félix : On obtient Gook-Ganjang국간장 après avoir fait fermenté des blocs de soja dans de l’eau salée.
Emma
[17:49] Félix : La sauce soja Gook-Ganjang국간장 a une teneur en sel élevée, une couleur foncée. On l’utilise lors de la préparation de soupes et de plats d’accompagnement.
Emma
Félix en coréen
Emma
[18:16] Après 6 mois de fermentation, on peut laisser la sauce soja « mûrir » si je puis dire pendant 5 ans. Pendant cette période de maturation, la teneur en sel diminue alors que le goût sucré augmente et la couleur de la sauce devient de plus en plus foncée.
Félix en coréen
Emma
[18:43] On l’utilise ensuite lors de la préparation de plats qui présentent une couleur foncée comme le Bulgogi 불고기, le Galbi 갈비 ou le Yakshik 약식 qui un plat de riz sucré à base de Jujubes (dattes) chinoises et de noisettes.
Emma
[19:17] Autrefois, aux prémices de la cuisine, on ne distinguait pas le Gook-Ganjang국간장 du Jin-Ganjang 진간장. Lors de la préparation de plats d’accompagnement, on utilisait donc le Jin-Ganjang 진간장 et s’apercevait vite que cela n’avait aucun goût, il fallait alors tout jeter car les plats étaient immangeables. Il est donc primordial de bien faire la différence entre ces 2 types de sauces soja.
Emma
[19:46] La Yangjo-Ganjang 양조간장, quant à elle, est une sauce soja qui fut introduite en Corée lors de la colonisation japonaise.
Emma
[20:01] Elle a un goût très sucré par rapport à la sauce Jin-Ganjang 진간장 et on l’utilise lors de l’assaisonnement de légumes et la préparation de vinaigrettes.
Emma
[20:13] On utilise cette sauce soja uniquement dans la préparation de plats froids.
Emma
[20:26] Alors, on va avoir besoin d’un grand saladier.
Emma
[20:36] On ajoute dans ce grand saladier, 500g de viande de bœuf. Vous allez chez votre boucher, vous demandez du bœuf coupé en très fines lamelles ou du bœuf émincé. Ensuite, il nous faudra, 2 cuillères à soupe de sucre et 6 cuillères à soupe de sauce soja. De la sauce soja coréenne Jin-Ganjang 진간장. Alors ne vous inquiétez pas, on peut très bien remplacer cette sauce soja coréenne par de la sauce soja que vous trouvez en supermarché tout simplement.
Emma
[21:20] Il faut alors raper ½ oignon, ajouter 1 cuillère à soupe d’ail, hâché ensuite, il faut raper ½ poire de type Nashi ou une poire tout court. Si vous n’avez pas de poire sous la main, on peut également utiliser du jus de poire.
Emma
[21:46] Puis ajoutez environ 3 verres de soju selon vos préférences, c’est l’équivalent d’à peu près l’équivalent de 200 ml ou de Cheongju 청주. Le Cheongju 청주 et le Soju 소주 sont des alcools coréens. Vous pouvez tout à fait remplacer le Soju par du vin blanc ou de la Vodka éventuellement mais allez-y molo sur la Vodka ! Ajoutez également 80 g d’oignons verts coupés en petits morceaux. Tous les ingrédients doivent être ajoutés dans l’ordre mentionné précédemment puis mélangés à la viande dans le grand saladier.
Félix en coréen
[22:17] Mais quelle est la différence entre le Soju et le Cheongju ?
Emma
[22:30] On utilise habituellement le Cheongju dans une cérémonie coréenne appelée “Jesa” 제사. D’autre part, une petite astuce pratique, c’est l’utilisation du Cheongju pour se débarrasser des odeurs de poisson, comme on pourrait utiliser le citron. On peut tout à fait remplacer le Cheongju par du Soju qui est beaucoup plus facile à se procurer.
Emma
[22:57] On laisse la viande mariner pendant au moins 1h au réfrigérateur avant de la faire cuire.
Emma
[23:14] On peut également rajouter des nouilles appelées Dang Myeon 당면 qui sont des nouilles de patate douce qu’on laisse tremper dans de l’eau chaude pendant au moins 20 minutes avant de les égoutter et de les ajouter à la viande lorsqu’on commence la cuisson.
Emma
[23:36] Après avoir ajouté les nouilles, il se peut que le goût devienne relativement fade, on peut alors ajouter une cuillère à café de sucre ainsi qu’une cuillère à café de Jin-Ganjang 진간장, la fameuse sauce soja coréenne.
Emma
[24:04] Plusieurs dérivés de cette recette de Bulgogi existent. Par exemple, associée à du riz, on se retrouve avec un Bulgogi Deopbap 불고기덮밥,du riz au Bulgogi. Préparée avec des légumes et placée dans une baguette de pain, cela devient un sandwich au Bulgogi et pour finir, en augmentant la quantité de nouilles Dang Myeon, dont nous avons parlé précédemment, on se retrouve avec un plat appelé Bulgogi noodle, des nouilles au Bulgogi. Là, je tiens à rajouter qu’on s’éloigne de la recette originale du Bulgogi.
Emma
[24:39] Par ailleurs, vous l’aurez deviné, pour préparer une salade au Bulgogi, il faut bien sûr ajouter la viande cuite à n’importe quel type de salade.
Emma
[24:57] Aujourd’hui, nous avons vu ensemble la recette du Bulgogi et la prochaine fois, je vous présenterai un plat de merlu pané utilisé lors d’une cérémonie appelée Jesa 제사, cérémonie traditionnelle pendant laquelle on honore l’esprit des ancêtres. Allez, sur ce, je vous dis bon appétit !
[25:14] Jeanne : Merci Emma pour cette délicieuse recette. Sans plus attendre, on continue maintenant avec notre rubrique Voyage.
[25:20 - 25:28] : Jingle voyage
[25:28] Jeanne : Alors aujourd’hui, Félix tu vas nous raconter une de tes étapes lors d’un voyage en 2015. C’est ça ?
[25:34] Félix : Oui alors, tout à fait, c’est ça. On est au mois de mai 2015 pour vous resituer un peu les choses. On est au printemps, je suis avec un petit groupe à la montagne, plus précisément au temple de Beopjusa 법주사 situé dans le massif de Songnisan 속리산. Alors, météo idéale, un petit 20/22° avec un vent léger, grand ciel bleu. Des conditions de rêve pour voyager. L’avantage, c’est qu’on arrive en bus de ligne pratiquement au pied du massif depuis Séoul et l’attraction de la région, c’est le célèbre temple de Beopjusa affilié à l’ordre de Jogye 조계종. Jeanne, tu pourras peut-être nous préciser ce qu’est l’ordre Jogye rapidement pour poser les bases. Pour ma part, je sais que c’est un courant du bouddhisme dont on doit les origines au maitre DoHeui 도의 qui importa le courant Seon 선종. Le courant Seon c’est un dérivé du zen pour les japonais et du Chan pour les chinois, je sais pas si je prononce bien. Et donc il importa ce courant Son ainsi que les enseignements 6ème patriarche Huineng qui atteignit l’illumination après avoir entendu le sutra du Diamant qui est un des grands textes du bouddhisme. Ça, c’est arrivé de Chine en l’an 821 pendant le royaume de Silla, ma chère Jeanne.
[26:55] Jeanne : Oui, c’est tout à fait ça Félix.
Félix : Ah, je me suis pas trompé
Jeanne : Aujourd’hui, c’est l’ordre bouddhiste dominant en Corée, l’ordre Jogye. 90% des temples dits traditionnels appartiennent à cet ordre. Cependant, même si c’est un ordre millénaire, il a été officiellement fondé en 1962, donc y a pas si longtemps que ça avec principalement 3 buts qui sont l’apprentissage, la traduction et la transmission des sutras. Donc les sutras, ce sont ces canons, ces écrits bouddhiques et l’ordre Jogye s’appuie sur le sutra comme tu as dit, du Diamant et bien que l’étude des sutras et des chants soit intégré dans le programme, la pratique la plus importante et la plus connue, c’est la méditation.
[27:37] Félix : La méditation, ok. Merci pour ce complément d’information. Alors, une des particularités de Bopjusa, c’est son bouddha en bronze de 33 mètres de haut, 160 tonnes qui représente Mireukbosal 미륵보살qui est le bouddha du futur qui succèdera à Sakyamuni qui viendra sur Terre après la disparition du Dharma. C’est tout simplement la statue de Bouddha en bronze la plus haute au monde. On rigole pas, on est sur un record mondial, mais en 93, Hong Kong termine la statue du bouddha Tian Tan et bat ce record avec une statue de 34 mètres dans le monastère de Po Lin, désolé si j’écorche le nom du monastère. Ils ont donc battu ce record-là d’1 petit mètre ! Bravo les hongkongais, chapeau à vous et par ailleurs, ce bouddha a une petite histoire que Jeanne va nous raconter.
[28:33] Jeanne : C’est vrai que si le temple est temple est très très vieux, le bouddha quant à lui a été fait et refait donc il est plutôt assez récent au final. Il a une petite particularité au final. En Corée, on l’appelle le bouddha de ciment. C’est bizarre un bouddha en ciment parce que tout il a avait été construit en ciment à l’origine et lors de la guerre du Pacifique, tous les métaux avait été réquisitionnés donc du coup, on avait arrêté sa construction. Elle s’est arrêtée puis des années plus tard, elle a recommencé pour qu’au final, en 1990, le ciment soit remplacé par du bronze. Puis en 2002, je pense que vous le savez tous, y a eu la Coupe du monde de football et la Corée a décidé de recouvrir le bronze par de l’or, par exactement 80 kg d’or ce qui fait un bouddha un peu « tape-à-l’œil » quand on arrive on voit cet énorme bouddha tout doré, c’est assez hallucinant et c’est un peu dommage parce que c’est pas la seule belle chose du temple, bien au contraire, le temple a plein de trésors nationaux dont une pagode en bois extrêmement belle.
[29:40] Félix : Mais quelle transition magnifique puisque je vais vous parler de cette pagode en bois mais avant de vous en parler, j’aimerais revenir sur ce bouddha « tape-à-l’œil ». Tu dis « tape-à-l’œil » mais c’est vrai qu’en Corée, on aime bien le « tape-à-l’œil ». Il faut que ça tape à l’œil sinon ça va pas. En plus, la Coupe du monde 2002, tu te rends compte ou pas ? Evénement international, il faut que ça tape à l’œil, y a pas de chichis, y a pas d’autres solutions. Donc on est passé du ciment en passant par le bronze pour arriver à l’or. Donc parenthèse refermée, l’autre particularité c’est cette pagode en bois donc qui s’appelle Pal Sang Jeon (팔상전) qui représente les 8 étapes de la vie de Bouddha qui sont peintes sur cet édifice en bois qui est tout simplement la pagode en bois la plus haute de Corée. C’est vrai, à côté du bouddha en or blingbling, le contraste est tout à fait frappant et pour les amateurs d’architecture, de monuments préservés, ils préfèreront bien évidemment cette magnifique pagode en bois, la fameuse Pal Sang Jeon (팔상전).
Donc maintenant, assez de bouddhisme, direction la montagne pour compléter la visite du temple puisque le temple a été construit vraiment au cœur de la montagne. Donc plusieurs chemins sont accessibles depuis le temple et nous décidons à l’époque en 2015, de prendre le sentier qui mène à Moon Jang Dae (문장대), alors, Moon Jang Dae, c’est le 2ème pic le plus haut du massif de Songnisan qui culmine à 1054 mètres qui se trouve dans la Province Nord de Gyeongsang-do donc Gyeongsangbuk-do («Buk» 북 signifie «Nord»). Alors qui culmine à 1054 mètres, ça parait pas très haut si on compare par exemple aux Pyrénées où de nombreux pics culminent à plus de 3000 mètres mais pour la Corée, c’est déjà pas mal, il y a quand même pas mal de dénivelé pour y arriver. La petite rando, c’est de la moyenne montagne, il faut compter à peu près une paire d’heures pour arriver jusqu’au sommet. Comme la plupart des randos en Corée, on passe beaucoup de temps dans les bois où ça monte assez sec, direct avec des marches à monter avant d’arriver au sommet où là, on a un paysage beaucoup plus dégagé. Vous attendez pas à marcher en début de parcours, à marcher dans des vallées rayonnantes et scintillantes, c’est pas trop ça. C’est plus des pentes raides avec un terrain qui est praticable, mais qui n’est ni goudronné ni pavé d’or. Une autre particularité de Moon Jang Dae, c’est qu’on est à la croisée des chemins, puisqu’on est vraiment à cheval sur 2 provinces : la province Nord de Gyeongsang, Gyeongsangbuk-do, et la province Nord de Chungcheong, Chungcheongbuk-do 충청북도. Petit clin d’œil, quand vous arrivez au sommet, il y a un rocher qui fait le bonheur des randonneurs puisqu’on peut s’y assoira à 50 dessus et donc là, c’est la pause photo pour les groupes de 50. Alors, j’espère qu’en arrivant au sommet, vous ne tomberez pas sur un groupe de 50 car si vous recherchez paix et sérénité spirituelle, cela peut ne pas correspondre à cet état d’esprit. Surtout n’oubliez pas d’admirer le point de vue, un bel aperçu de la campagne coréenne. Voilà pour cette petite partie voyage et Jeanne, je te laisse la parole.
[32:36] Jeanne : On va terminer avec notre Jeu-concours qui vous permettra de gagner un joli cadeau. Donc écoutez bien. On vous a parlé dans cet épisode de cinéma et du temple Bopjusa ; la pagode en bois de Bopjusa aurait dû apparaitre dans un film internationalement connu des années 1970. Connaissez-vous le titre de ce film ? La 1ère personne qui postera la bonne réponse sur notre Twitter, gagnera un mois d’abonnement à la chaîne internet KFTV Korean French Television, pour en apprendre plus sur la Corée avec des contenus exclusifs. Notre page Twitter s’appelle Corée Voyage et n’oubliez pas de nous suivre également sur Facebook et Instagram.
[33:15] Félix : KFTV, la Korean French Television on les salue également au passage. KF TV, quel joli cadeau ma chère Jeanne, quel joli cadeau ! Je crois que j’ai la réponse mais j’en suis pas sûr. Bon je vais pas la donner bien sûr…
Jeanne : T’as pas le droit de jouer toi !
[33:37] Félix : Il est l’heure de nous quitter mais le Corée Voyage Show continue la semaine prochaine avec un nouvel épisode et une interview exclusive. D’ici-là, suivez-nous sur coreevoyage.com, Instagram, Facebook, Twiter. Tous les liens sont disponibles dans la description ainsi que la page de la recette que nous vous avons présentée aujourd’hui. Allez, je remercie tout le monde et prenez bien soin de vous. 잘가라 잉!